jeudi 31 décembre 2015

Belmiro de Almeida (1858-1935), de l’avant-garde sans y croire…


                                                                     Belmiro de Almeida: "Maternidade em circulos" -1908-


Aujourd'hui...Après des études de journaliste à l’ULB de Bruxelles, et quelques années au service de la revue hebdomadaire « Télémoustique » dans les années 80’s (dont un cahier important était destiné à la musique anglo-américaine, conçu dans un esprit proche de la publication New Musical Express anglaise, assez branchée et légèrement snob, car sans internet, les « critiques » étaient très courtisés et s'y croyaient un peu), je me suis formé en Histoire de l’Art, au Musée des Beaux Arts de Bruxelles. Des études suffisamment flexibles pour mener un travail en parallèle dans l’hôtellerie. Passionné de peinture, j’ai continué à lire et étudier l’art pictural de toutes les époques, avec une préférence pour la période 1830-1970. 

Quand je me suis rendu pour la première fois au Brésil, en 1989, j’ai donc visité quelques musées habituels à Rio de Janeiro, mais sans aucune connaissance historique, ni circonstancielle. Ma déception fut grande: ce qu’il y avait de meilleur ressemblait à ce qui se faisait en Europe - souvent 10 à 20 ans plus tard -, sans que j’y trouve l’identité du pays où je me trouvais. 
En réalité, c’était assez logique puisque les brésiliens, et les peintres d’autres nations, venaient étudier à Paris, fin du 19ème siècle, début 20ème. 

                                                               Belmiro de Almeida: "Dois meninos jogando de bilboqué" s/d

Je ne me souviens pas cependant d’avoir vu les grands noms du Modernisme, car à l’époque, les musées étaient souvent fermés pour « réformes de longueurs indéterminées ». Bref mon idée était faussée...en partie.
Concentré sur la musique, c’est cependant la peinture populaire, appelée de « naïve » qui, quelques années plus tard m’a reconnecté avec l’âme brésilienne de la peinture. 

 Après cette introduction un peu formelle, mais obligatoire, je reviens en temps réel, pour signaler que, depuis que je suis à São Paulo, j’ai ressenti le besoin de combler ce manque, et j’ai acquis tant bien que mal des ouvrages sur la peinture qualifiée d’érudite (avec, entre temps, des connaissances plus consistantes sur le Modernisme, d’autres mouvements, d'autres arts, et l’histoire général du pays), et j’ai recommencé à zéro à partir de l’étude des peintres de la fin du 19ème siècle, ceux qui ont précédés les Modernistes de 1922. 

                                                 Belmiro de Almeida: "Efeito de sol" -1892-

Un mot d’abord pour dire que je n’ai pas trouvé (ce qui me semble une aberration !), un livre de référence de 500 pages du type : "La peinture brésilienne moderne de 1822 à nos jours". Oubliez ! Il faut donc se résoudre à acheter divers ouvrages ou catalogues d’expositions, et faire son livre dans son propre cahier. Je commence donc à découvrir - et que les puristes ne s’étonnent pas si j’écris des impressions qui devraient être plus nuancées, sur des artistes qui leur sont familiers. 

                                                                            Giovani Battista Castagneta: "Marinha" -1899-

Ainsi, dans un ouvrage de 2006, consacré à une collection importante (mais donc subjective), celle de Sérgio Fadel, j’ai commencé à découvrir l’œuvre de Giovani Battista Castagneto (1851-1900) – encore encrée dans le réalisme, mais plus impressionniste, et tendant vers la simplification presque abstraite vers la fin de sa vie ;  

              Eliseu d'Angelo Visconti, s/d parede do Teatro Municipal de Rio de Janeiro (fresque au  Théâtre Municipal de Rio de Janeiro)


Eliseu d’Angelo Visconti (1866-1944), qui de l’impressionnisme se dirigea vers l’Allégorisme de Puvis de Chavannes (1824-1898);  


Arthur Thimóteo Da Costa (1882-1923), qui m’a rappelé Degas (1934-1917) et Henri Evenepoel (1872-1899) ; 

                                                                   Henri Evenepoel: "Le Caveau du soleil d'or" -1896-

                                                                                 Edgard Degas: "Place de La Concorde" -1875-


Belmiro de Almeida (1858-1935), entre réalisme et impressionnisme, mais qui a surpris le monde des arts avec une toile « Maternité en cercle » en 1908, d’une audace presque accidentelle (il en riait lui-même, mais quelle toile !), qui réunit les caractéristiques du Futurisme italien, et de l’Orphisme des époux Robert (1885-1941) et Sonia Delaunay (1841-1979), sauf que, cette fois-ci, quelques années en avance ! 

                                                                       Futurisme Italien c/ 1912

Enfin, (tandis que je tendais l’oreille vers l’album « Est », d’Edgard Scandurra et Silvia Tape), j’hallucinais devant les œuvres d’Henrique Alvim Corrêa (1876-1910), dessinateur à l’âme sombre, voire cauchemardesque que Félicien Rops (1833-1898), peintre, dessinateur et surtout graveur belge vivant à Paris, maniait avec maestria…A noter que Corrêa a habiter un long moment à Bruxelles, où il développa une partie de son art...


vendredi 17 octobre 2008

L’Art Populaire Brésilien : l’homme au centre de l’œuvre.

Adalton (1928-2005): "Samba" déc.80, technique mixte. (col. privée Lisbonne)

Mon entrée dans le monde de l’art populaire brésilien du XXe siècle ne s’est pas faite de manière traditionnelle. Après des études d’histoire de l’art et après avoir personnellement opté par passion pour les arts plastiques d’époque moderne et contemporaine, il ne m’a pas soudainement pris l’envie de me pencher sur les arts populaires du monde entier. Cette matière se révèle, au final, bien plus complexe à étudier que l’art que l’on qualifie d’érudit ou de conventionnel, car elle est sujette à des nombreux paramètres contextuels : économique, social, historique et surtout, anthropologique. Sans parler de l’importance de l’héritage ancestral.
C’est donc au travers de ma passion pour la musique brésilienne que je me suis d'abord plongé dans la culture et les traditions immensément riches de ce pays. Par son biais, j’ai pris connaissance, au fil des années, de ses fêtes, de son quotidien, de son histoire, de ses légendes, et de l’imaginaire propre à chaque région. Chacune d’entre elles possède la transmission de plusieurs cultures qui sont arrivées de divers endroits de la planète, et nous pouvons sans mal imaginer le foisonnement d’influences qui s’enchevêtrent. Tout comme pour la musique, d’ailleurs…
Ce blog est donc davantage une promenade et une recherche en mouvement, qu’un savoir que je voudrais divulguer. Car je continue à chercher, à apprendre, à jauger, et à vouloir m’émerveiller.

Ex-voto, anonyme, 1952, Pernambuco
(col. Fondation Joachim Nabuco)


Une définition... ?

Rien que l’appellation d’« Art populaire » m’a mené à des heures de réflexion et de lectures autorisées. Si chaque auteur y va de sa théorie -qui se résume généralement à dire que la frontière avec l’art établi est aussi mouvante qu’arbitraire-, j’ai pu cependant dénicher, çà et là, quelques définitions qui se présentent comme un bon dénominateur commun auquel j'adhère volontier. Je vous en livre une :
Art Populaire: «Expression artistique de personnes ne possédant pas de formation formelle ni académique, mais dont les œuvres reflètent une tradition établie de style et de savoir faire ». Pas mal, mais nous pouvons complèter...
D’autres définitions appuient sur le fait que ce savoir faire est souvent transmis par la famille et dépend des matériaux trouvés dans le milieu environnemental. Sans être une règle absolue, c’est en effet souvent le cas. Toutes ces caractéristiques me paraissent judicieuses et chacune mérite un développement plus appuyé.
Si le sujet de ce blog veut se focaliser sur le XXe et le XXI e siècle, c’est qu’il veut avant tout prôner l’objet d’art comme une fin en soit. Un art ‘autoral’ pour utiliser un néologisme que j’emprunte au portugais mais que l’on comprendra aisément. Il n’en demeure pas moins que l’art populaire brésilien prend ses sources bien avant à travers les « santeiros » d’époque baroque (sculpteurs de saints) ou la confection d’ex-votos peints ou sculptés dès le XVIIIe siècle. Cette dernière catégorie d’œuvres, que l’on suspend dans une église à la suite d’un vœu ou en mémoire d’une grâce obtenue, reste une manifestation vivace, principalement dans le Nordeste du Brésil. Les ex-votos sont devenus des objets très convoités par les collectionneurs. Même anonymes –mais pas toujours- elles font parfois preuve d’une expressivité fascinante.
La religiosité, comme pour tous les arts, fut aux sources de l’art populaire, comme le furent aussi certaines manifestations d’utilité publique (enseignes peintes par exemple), mais comme pour l’art rupestre on se frotte dès lors à la délicate question de l’expression plastique comme relais de la dévotion ou existant en tant que simple chronique de son temps. Il ne s’agit plus vraiment de l’art pour l’art, et c’est de celui-ci dont je voudrais parler à cet endroit.
Enfin, pour parler de la temporalité, notons encore l'opinion de l'écrivain et historienne d'art, Lélia Coelho Frota, à qui l'on demandait si l'Art Populaire ne pouvait pas dater d'avant le XXe siècle: "Non." -répondait-elle- "iI existait bien des manifestations individuelles d'inspiration populaire, mais la recherche d'un style, et le désir de créer une oeuvre globale et une biographie, ne datent vraiment que du siècle dernier". Madame Lélia C. Frota a par ailleurs signé le "Petit dictionnaire d'art du peuple brésilien", ouvrage de référence qui réunit la biographie de 150 artiste populaires majeurs du XXe siècle.
N'étant pas reconnu comme ayant un caractère artistique, ces manifestations des siècles précedants n'ont gardé que peu d'exemples de son existance, faute d'avoir été préservé. En conclusion, l'Art Populaire Brésilien existait bien avant le XXe siècle, mais ne fut considéré et catalogué comme tel qu'à partir de ce siècle.

Heitor dos Prazeres (1898-1966): "Chorinho na rua"-1963, HST
(col. famille de l'artiste)


Art populaire, naïf, ingénu, primitif, brut, …Et quoi encore ?

Ma première approche des arts plastiques populaires fut celle de la peinture dite « naïve » par le biais d’un peintre qui ne pouvait pas échapper à mon attention : Heitor dos Prazeres (1898-1966). Cet artiste témoin et acteur de la vie de bohème du Rio de Janeiro du milieu du XXe siècle -et donc de l’âge d’or de la samba -possédait un langage qui ne pouvait que me séduire. C’est à travers lui que je pris connaissance d’autres peintres flanqués du même qualificatif de « naïf » que je trouvais rapidement très inapproprié.

José Antônio da Silva (1909-1996) "La fuite des mariés"-1973
(col. galerie Jacques Ardies, Sao Paulo)
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Peinture naïve ou expressionniste?

De fait, chez certains, je trouvais un expressionnisme puissant, une vision impressionniste, une tendance à l’abstraction ou un langage fait d’allégories fantastiques. Je préférais de loin opter pour la qualification d’ « imagerie populaire », dans une acceptation noble de ces termes, pour définir certaines scènes picturales qui s’offraient à mes yeux, pleines de poésie, de sérénité et souvent teintées d’humour. Bref, un monde idéalisé à forte teneur décorative. Rien de répréhensible à cela. Cependant ce terme de « naïf », quand elle défini la peinture, a toujours colporté une idée péjorative qui continue à faire débat dans les salons des personnes dites autorisées –historiens, marchands, collectionneurs (ou pire, marchands collectionneurs) - davantage adeptes du « ceci est bon » ou « ceci est mauvais », plutôt que du « j’apprécie » ou « je n’apprécie pas ». Je reviendrai avec délectation sur ce point ultérieurement, car cela touche souvent aux querelles de clocher.


Nhô Caboclo (c.1910-1976): "Racha" (détail) sculpt. bois
(col. Privée Recife PE)


Ce n’est qu’il y a peu de temps que, tout simplement, je décidai d’ouvrir le ‘Larousse’ pour lire la définition de base de « Art naïf » qui « se dit d’un art pratiqué par des autodidactes doué d’un sens plastique naturel et ne prétendant pas à l’art « savant » (académique ou d’avant garde) ». Je retrouvais là presque mot pour mot la définition de l’art populaire en général. On y ajoute cependant ici l’importante notion du don ou du talent. Par contre, s’il n’y a pas de véritable volonté de plonger dans l’avant-garde de la part de ces créateurs, les plus doués d’entre eux y participent bien malgré eux. Existe t-il plus bel exemple d’art minimaliste que celui de Nhô Caboclo (c.1910-1976, Pernambuco), créateur de génie de descendance indienne, qui allie modernité et culture ancestrale. Bref, petit à petit, il sera intéressant d’émettre, de temps à autre, des réflexions en ce qui concerne les différences que l’on notera entre l’art populaire et l’art érudit ; L’art populaire et l’artisanat, l’art culturel et le pittoresque ; ainsi que de voir ce que des appellations comme art naïf, ingénu, primitif ou encore brut ont de pertinent. Des éternels débats, souvent vains, mais qui ont le mérite d’être salutaire pour nos fonctions cérébrales !

Ulisses Pereira Chaves (1924-2006): "Figures" -dec.90 (col. privée Washington, EU)
Le rappel des "moringas'
(Vale de Jequitinhonhas)

Mais quelques points de la première définition donnée plus haut valent la peine d’être commentés dès maintenant…
-« Expression artistique de personne… » Stop ! : il est important de noter qu’il s’agit bien d’un art signé. C’est ce qui en fait une première distinction avec l’artisanat, bien que là aussi la frontière est parfois difficile à distinguer. Disons que l’artisanat possède une fin utilitaire et commerciale tandis que l’œuvre d’art populaire est une fin en soit. On le crée en tant qu’expression d’un quelconque sentiment ou d’une émotion. Cela n’empêche que l’artisan revêt souvent un aspect décoratif de forte valeur artistique à son objet, ou que, de son côté, l’artiste rappelle une ancienne fonction utilitaire qui est à la base de sa création. Ainsi les sculptures des artistes de la Vale de Jequitinhonha (Minas Geraes) ne cachent en rien que leur inspiration vient des anciennes outres (« moringas ») qui pouvaient garder l’eau fraîche dans cette région sèche. Notons aussi qu’une des caractéristique de l’art populaire peut être l’approche, chez certains artistes, de l’irrationnel, du mythique et de l’imaginaire, éléments absents dans le langage plastique de l’artisan.

G.T.O. (1913-1990): "Roda" -déc.70
(col. privée Rio de janeiro, Brésil)


-Continuons: « …Des personnes ne possédant pas de formation formelle ni académique ».
De fait, l’artiste populaire est généralement issu de condition modeste qui possède un niveau d’éducation et de culture assez restreint. Il n’a pas de formation artistique. C’est un créateur intuitif et instinctif qui produit un art authentique mais néanmoins souvent sophistiqué ; un homme ou une femme du peuple qui travaille dur et qui s’adonne à son moyen d’expression (peintures, sculpture), qu’après ses heures de labeur, ou une fois sa retraite arrivée. Son cadre de vie est sommaire et rustique, dans les villages reculés de l’intérieur du Brésil, sur les côtes, ou dans la périphérie des grandes villes. Il ne s’agit pas ici de faire le portrait romantique de l’artiste vivant dans des conditions précaires qui, dans la peine et la misère, se voit doter d’un don de création soudain…Et pourtant …Souvent aussi, il fut artisan pour subsister, avant de devenir artiste pour s’exprimer. Nous le verrons, la production de l’artiste populaire date généralement de l’automne de sa vie. Pour vous donner un exemple, un des plus grands sculpteurs sur bois du Brésil,
Geraldo Teles de Oliveira –GTO- (1913-1990, Minas Geraes), ne se met sérieusement au travail qu’à partir de 1965, c’est-à-dire quand l’artiste à déjà 52 ans, et n’atteint la plénitude de son art qu’une dizaine d’années plus tard. Et il ne s’agit pas d’un cas extrême.

Vitalino Pereira dos Santos (109-1963), portrait aves une de ses scènes agraires
dans les années 1950 (photo Fondation Joachim Nabuco)


Il est à noter aussi que nous assistons pour certains de ces artistes à un effet quelque peu rotor. À un moment de sa vie, un artisan délaisse le côté utilitaire et la production en série pour s’adonner définitivement à la création artistique. Celui-ci acquiert alors son autonomie et peut parfois prétendre à une certaine reconnaissance. Et son succès devient tel que la demande se fait de plus en plus forte. L’artiste se voit alors contraint de ne travailler que sur commande, répétant ses œuvres les plus populaires et perdant de ce fait toute son âme créatrice. Il se voit ramené là d’où il était parti : vers la production en série de l’artisanat. Il n’a souvent pas le choix car il est laissé volontairement dans les limites d’une certaine pauvreté par des marchands peu scrupuleux. On lui donne juste de quoi subvenir à ses besoins et de quoi travailler. Les endroits difficiles d’accès où il vit ne lui permettent pas de faire jouer la concurrence, ni de promouvoir son art. Des grands noms comme le célébrissime sculpteur céramiste du Pernambuco, Vitalino Pereira dos Santos (1909-1963), n’ont pas échappé à ce piège. Dès lors, les collectionneurs d’aujourd’hui se focalisent vers la production que l’artiste a créée quand celui-ci ne subissait aucune contrainte. Quand il n’était pas encore vicié par le commerce et la surproduction.

Antônio de Oliveira (1912-1996): "L'Enterrement" déc.70, bois,
(col. Musée du Folklore Edison Carneiro, Rio, Brésil)
Thème du cycle de la vie.

Mais revenons à la définition de l’Art Populaire :
« …Des artistes dont les œuvres reflètent une tradition établie de style et de savoir faire ».
Et j’ajouterais une tradition en relation aux sujets évoqués. Ainsi comme j’ai pu le noter, ceux-ci abordent ce qui constitue le quotidien des personnes humbles. Il s’agit d’un quotidien propre à chaque région, animé de fêtes populaires avec ses danses et ses musiques, mais aussi par d’autres loisirs (le football par exemple). La vie de tous les jours où les acteurs sociaux sont abondamment représentés comme les professions, les personnages pittoresques ou les marginaux. Autres sujets prisés : les thèmes de l’iconographie catholique : les saints, la nativité, la piéta, la santana ou la genèse ; le syncrétisme afro-brésilien ; l’homme et son rapport à la nature ; la faune et la flore en général ; ou des thèmes plus existentiels comme le cycle de la vie. En fait, en résumé, on pourrait classifier plus simplement en parlant de thèmes issus du réel, du symbolique, du sacré et du profane. Voilà qui peut paraître plus clair.
Pour toutes ces raisons, l’Art populaire connaît ses plus belles représentations dans des pays encore très ruraux (même aux Etats-unis) où le secteur tertiaire est encore dominant, et où règne une forte religiosité : là où le rapport de l’homme avec la nature reste essentiel pour sa survie. Peut-être tout simplement dans les pays en (éternelle) voie de développement.


Resendio (1941): "Le bénisseur" sculpt.bois (col. galerie Brasiliana, Sao Paulo).
Artiste de veine ludique.

Quant à la tradition établie de style, elle aussi varie selon les états du Brésil, chacun d’entre eux étant le reflet des colonisations successives qu’elle a subies. Ainsi, il ne faudra pas s’étonner de retrouver dans l’Art Populaire Brésilien (APB) du XXe siècle –et encore chez de jeunes créateurs actuels- des influences baroques, byzantines, romantiques, mauresques, africaines, et même de veine ludique, car ignorer cette dernière tendance serait nier une des particularités bien spécifiques du Brésil, ce pays essentiellement festif, contre vents et marées. La tradition de savoir faire, quant à elle, nous remet aux temps des maîtres européens du XVe et XVIe siècle. On retrouve la notion d’atelier, ce qui ne manque pas parfois de nous confondre quand il s’agit d’attribuer certaines œuvres. Le savoir d’un maître est transmis à sa famille, et il nous faut considérer l’art populaire contemporain sous un autre angle de vue que le nôtre. Les fils ou disciples (au masculin comme au féminin) ne plagient pas, mais ils copient dans le but de perpétuer et de transmettre. Bien sûr le marché de l’art ne les met pas sous une cotation identique, mais il serait faux de croire que tous les « suiveurs » ne font que répéter les leçons apprises. Les meilleurs d’entre eux personnalisent et enrichissent l’art qui leur a été donné en héritage. Certains, simplement à cause de l’époque, abordent des thèmes nouveaux, tandis que d’autres apportent une expressivité différente. Chacun se laissera guider vers sa propre sensibilité. Ainsi au travers d’artistes renommés, de grandes écoles, et aux travers certaines réflexions générales, je vous propose de m’accompagner dans cet univers passionnant qui nous mène au cœur de l’humain.
CE BLOG EST DÉDIÉ AUX CURIEUX QUI AIMERAIENT CONNAÎTRE L'ART ET LA MUSIQUE POPULAIRE BRÉSILIENNE. UNE OCCASION POUR LES FRANCOPHONES DE DÉCOUVRIR UN MONDE INCONNU OU IL EST DE MISE DE LAISSER SES PRÉJUGES AU VESTIAIRE.